lundi 18 février 2008

Miles Davis

Si l’on devait définir Miles Davis en quelques phrases, il faudrait retenir ceci :

Miles Davis, c’est d’abord un son qui reflète une grande sensibilité musicale.
La fragilité qu’il arrive à donner au son qu’il produit et un jeu calme.
C’est aussi la capacité de s’entourer de jeunes musiciens dont il sait tirer le meilleur parti.
C’est enfin une conception progressiste de la musique et plus particulièrement du jazz.

Miles Davis, né en 1926 dans l’Illinois est décédé en 1991 à Santa Monica en Californie.
Il fut l’un des plus grands visionnaires et l’une des plus importantes figures du Jazz.

Issu d’une famille aisée de Saint-Louis, son amour pour la trompette commença à l’âge de 9 ans, âge auquel son oncle lui offrit l’instrument.. Ses parents et sa grand-mère étaient eux-mêmes musiciens.
Il devint un phénomène local et tourna dans sa région avec le Billy Eckstine Band alors qu’il était encore au lycée. Il partit pour New-York pour s’inscrire à la Juilliard School of Music mais la quitta rapidement. En fait, son intention était de rencontrer Charlie Parker et Dizzie Gillespie et de jouer avec eux. Il se hissa rapidement au sommet en apprenant beaucoup de Bird et Gillespie et devint le trompettiste du groupe de Charlie Parker pendant 3 ans environ.

Il fonda son premier groupe en 1949, la première de nombreuses fois où il essaya de donner au Jazz une nouvelle direction. Avec l’arrangeur Gil Evans, il créa un nonette (9 musiciens) qui utilisait des instruments non traditionnels dans le Jazz, comme le tuba et le cor. Il inventa un style plus subtil, qui devint connu sous le nom de « Cool Jazz ». Ce style influença beaucoup de musiciens qui au départ jouaient sur la Côte Ouest et il explora davantage ce style.

Les enregistrements du nonette sous le label Capitol Records furent nommés « The Birth of the Cool ». Le groupe comprenait parmi d’autres Konitz, Gerry Mulligan et Max Roach. C’est l’une des premières fois où Miles démontra une tendance récurrente qui en mettait plus d’un en colère: il employait des musiciens sans distinction de race. Il déclara une fois qu’il aurait donné un boulot à un gars à la peau verte tant que celui-ci jouerait comme Lee Konitz. Après avoir passé 4 ans à combattre une addiction à l’héroïne, il y parvint en s’inspirant de la discipline d’un boxeur, Sugar Ray Robinson.
Après une performance triomphante du classique de Thelonious Monk, Round midnight en 1955 au festival de Jazz de Newport, il devint un incontournable de la scène jazz.

Il fonda un quintette permanent qui comprenait John Coltrane, Red Garland, "Philly Joe" Jones et Paul Chambers. Miles avait le don d’entendre la musique dans sa tête et de faire jouer ensemble un groupe de musiciens incroyables dont les styles contrastés pouvaient atteindre en se rencontrant le résultat final qu’il recherchait. Il ajouta plus tard un 6e membre, Cannonball Adderley et remplaça Jones et Garland par Jimmy Cobb et Bill Evans.

A la fin des années 50, ses groupes popularisèrent le Jazz Modal et il lança une nouvelle direction dans le Jazz. Il produisit 2 classiques supplémentaires avec le Sextuor pendant ce temps, Milestones et Kind of Blue.
Ensuite, la plupart des membres du groupe partirent fonder leurs propres formations, ce qui fut une constante pendant toute la carrière de Miles davis.
Parmi les solistes issus des groupes de Davis on trouvait : John Coltrane, Cannonball Adderly, Red Garland, "Philly" Jo Jones, Bill Evans, Wayne Shorter, Joe Zawinul (Shorter et Zawinul formeront le groupe de fusion Weather Report), Keith Jarrett, Tony Williams, Herbie Hancock, John McGlaughlin, Chick Corea, John Scofield, Kenny Garrett, Mike Stern et Bob Berg.

Pendant ce temps, Miles et Gil Evans collaborèrent à nouveau et firent un nouvel album, Sketches of Spain dans lequel Miles Davis jouait de la musique Flamenco espagnole accompagnée par un orchestre. Son timbre était si beau et clair qu’on aurait presque dit que sa trompette chantait. Après avoir fait de nouvelles expériences avec des groupes différents pendant 3 ans, Miles, à la fin de la trentaine fusionna son groupe avec de jeunes musiciens pour initier de nouvelles idées. En 1963 il créa son 2e quintette légendaire :Wayne Shorter, Herbie Hancock, Ron Carter et son protégé le batteur de 16 ans Tony Williams.

Pendant 5 ans ce groupe poussa les limites de la liberté et produit un Jazz original et fougueux.
En 1968 Miles rajouta Joe Zawinul comme 2nd clavier et à partir de ce moment commença à expérimenter les instruments électriques. Il produisit le classique In a Silent Way et un an plus tard il ajouta le guitariste anglais John McLaughlin et remplaça Tony Williams (qui est parti son propre groupe) par Jack DeJohnette.

Puis il lança à nouveau une nouvelle direction dans le jazz avec l’album Bitches Brew dans lequel il faisait fusionner le Rock et le jazz et s’installa plus profondément dans la musique électrique. Cet album fut le premier qui consacra la fusion qui devait amener le Jazz à un niveau de popularité plus large.
Au début des années 70, Miles continua ses expériences avec les instruments électriques et fusionna sa musique avec le Funk. En 1976, la combinaison d’une mauvaise santé, de l’usage de la cocaïne et un manque d’inspiration furent la cause d’une pause de 5 ans. Il réussit à vaincre la cocaïne, retrouva l’inspiration et revint en 81 avec une série d’albums.
Il continua à pousser les limites du jazz car il n’était pas homme à se reposer sur ses lauriers et à jouer de la musique dépassée. Il commença à faire de plus en plus d’expériences avec les synthétiseurs et à utiliser des techniques de studio dans ses enregistrements.
Il gagna une série de Grammy Awards pendant cette décennie et continua à tourner avec des solistes comme Garrett, Stern et Berg, déjà cités.
Miles Davis est décédé en 91.